Ils sont fous tu verras.
« Ils sont fous tu verras.
Dans ces cas-là, tu souris juste
et tu attends que ça passe. »
On est en 2015, cela fait 3 semaines que j’ai quitté la France, je suis au Brésil.
Dans la communauté spirituelle où je n’ai pas atterri par hasard, qui a changé la trajectoire de mon voyage et de ma vie.
Tu sais, parfois, il existe des moments qui ont le potentiel de tout faire basculer.
Je vais t’en raconter un.
Cette phrase m’a été dite par une autre volontaire de la communauté, déjà là depuis quelques temps.
Çà m’ébranle. Car moi, depuis que je suis arrivée, je flotte. Lovée dans la douceur de cette atmosphère de bonté magique que je ne décode pas vraiment mais qui apaise tout en moi.
Mais oui c’est vrai, tellement de choses ici sont différentes de ce qui avait fait ma vie jusque là.
Ce jugement qu’elle me partage sans méchanceté aurait pu conditionner toute mon expérience.
D’autant plus que j’avais déjà vécu des choses depuis mon arrivée des choses que j’avais trouvé bizarres.
D’autant plus qu’une heure après, dans la salle commune alors que je découvre le breathwork pour la toute première fois de ma vie, ma première réaction est de partir dans le jugement.
Moi aussi.
Mon référentiel interne ne sait que faire de ces gens qui respirent de plus en plus profondément, bougent sans sembler pouvoir se contrôler, tremblent, pleurent, font des bruits bizarres … puis parlent de Dieu et d’amour infini et se tombent dans les bras les uns des autres quand c’est fini.
Juste en respirant ? Sans blague ?
Moi je n’ai rien ressenti.
J’ai tellement de fierté pour la jeune femme que j’étais et pour la décision qu’elle a prise ce jour-là.
Elle n’a pas jugée l’autre volontaire, mais elle ne l’a pas écoutée pour autant.
Elle n’a pas écouté sa tête qui était perplexe, elle a suivi son ressenti profond.
Elle a choisi d’avoir de la curiosité pour toutes ces choses qui auraient pu lui faire peur et qu’il aurait été plus facile d’étiqueter.
On juge ce dont on a peur.
C’est une manière inconsciente de s’en protéger en tenant à distance.
Je ne le savais pas à l’époque.
Et si on me remettait là-bas aujourd’hui, Dieu que mon expérience serait différente.
Car déjà, moi l’athée catégorique, Dieu je l’ai rencontré deux jours après. Dans cette même communauté. Juste en méditant. Sans blague.
On ne voit dans le monde que ce que l’on porte en nous.
On ne reçoit d’un lieu, d’une personne, d’une situation qu’à la mesure de ce que l’on prêt à accepter.
Je suis sortie de ce breathwork, très très perplexe.
Mais j’ai décidé que non, ils n’étaient pas fous.
Que ce n’est pas parce que je n’avais rien senti et que j’avais été très gênée par ce que j’avais vu que j’avais le droit de le critiquer ou minimiser.
Pour eux, c’était tout à fait réel. Et puissant. Et émouvant.
Je suis sortie de ce breathwork et je suis allée voir le guide qui m’avait été attribué pour mon séjour.
« James, tu as un instant ? je sens que je pourrais juger, mais en fait j’aimerais comprendre. »
Et toi, quand aurais-tu pu être un tout petit plus curieux et un tout petit peu moins peureux ?