Je me sens en famille
Federico, le propriétaire de l’auberge nous invite à la table où il déjeune avec une amie et partage leur repas avec nous (un autre voyageur a fait le trajet avec moi).
Il n’a que faire de ma gêne de les priver d’une partie de leur poisson pêché du matin. « Quand il y en a pour deux, il y en a pour quatre. »
La conversation qui démarre ensuite fait battre mon coeur plus fort. A chaque phrase, quelque chose sonne plus juste encore qu’à la précédente.
Federico était avocat d’affaires à Buenos Aires. Jusqu’à ce que ça ne lui convienne plus. La façon dont il nous en parle met des mots sur ce que je ne savais même pas ressentir. Son histoire ouvre mon champ des possibles.
Il a créé cette auberge, au beau milieu d’un petit paradis sur terre, tout au nord du Brésil et respire mieux depuis qu’il expérimente à nouveau cette humanité si précieuse dont il a besoin pour se sentir en vie.
Il ne cherche pas à convaincre,
il incarne juste sereinement son choix.
Là-bas, je me sens vue, appréciée, accueillie, respectée, aimée même.
Instantanément.
Pas parce que j’ai mérité ou prouvé quoi que ce soit, pas pour mon apparence, pas pour mon titre, pas pour quoi que ce soit d’extérieur.
Ça ne les intéresse pas d’ailleurs.
En fait, je me sens en famille et je le dis
« Mais Margaux, on fait partie de la même grande famille des êtres humains. Trop de monde l’oublie mais pour moi, chaque personne qui passe ce portail est une soeur ou un frère à accueillir avec le coeur. »
Je suis triste de m’imaginer repartir alors je dépasse ma réserve et demande s’il n’y a pas un moyen.
« Tu as déjà dormi dans un hamac ? Ça te fait peur de dormir dehors ? »
" Non. Oui. Mais c'est très bien, je reste !"
Suite au prochain article : “Là bas ”